“Tout a commencé parce que j’avais un vertige pas possible, alors j’ai fait mon premier saut à l’élastique.”
Lorsqu’il se jette du pont suspendu de Niouc, à 190 mètres dans le vide, on se dit que ce gars-là n’a peur de rien. Détrompez-vous ! Didi Wenger a peur de tout. Enfin presque. Disons qu’il est comme vous et moi. Et c’est précisément le jour où le vertige lui a pris la gorge et ramolli les jambes comme tout un chacun qu’il s’est décidé à faire son premier saut. Le vertige est devenu extase, euphorie, exaltation.
“Tout ce que j’ai fait dans ma vie c’était pour vaincre mes peurs.” Agoraphobe, il monte sur scène avec un groupe de musique, pas franchement à l’aise avec la nudité, il se lance dans le strip-tease et part en tournée avec les Crazy Boys. Affolé par les flammes, il se brûle plusieurs fois le visage mais devient néanmoins cracheur de feu et charmeur de serpents dans un cirque. Ça, vous l’aurez deviné, c’était pour vaincre sa phobie des reptiles.
À vous couper le souffle !
“Le vertige et les peurs en général, explique Didi, sont toujours liés à la respiration. Si l’on prend un temps pour s’observer, on remarque que l’on bloque sa respiration. Alors nos muscles se crispent, la tête nous tourne et nos mains deviennent moites. On peut faire l’expérience assis dans un fauteuil, en apnée, on aura les mêmes sensations. Quand les gens viennent à Niouc, je leur demande de visualiser leur peur et puis de se laisser respirer pour lâcher leur anxiété. Plus on l’évite, plus le vertige s’enracine, mais si on parvient à le surmonter, on en tire une grande confiance et un sentiment de liberté. Et si on peut le faire pour une chose, on peut le faire pour d’autres. C’est un peu ma quête à moi.”
Vertiges de la vie
Saltimbanque du IIIe millénaire, Didi Wenger conjugue le vertige au pluriel de sa vie et de ses inventions. Ainsi a-t-il organisé le premier championnat du monde de saut de figures en 1997, ouvert sept bistrots et construit le plus long bar du monde (890 mètres) pour une bastringue de 30 000 personnes. “J’aime bien lancer les choses, et j’ai horreur de la répétition. Ensuite, c’est parfait si les autres reprennent. Mais il faut être le premier, faire vite et mieux, et si l’on vous pique l’idée, repartir sur autre chose.” Pour l’heure, Didi semble avoir largué une amarre au moins entre son atelier de construction, à Sierre et le Pont de l’Araignée qu’il a fait revivre, il y a huit ans, en vendant une par une 980 planches à 10 francs ! On le comprend, le site est magnifique et charme aussi bien les accros de l’extrême que les familles.
“Maman, on reviendra ? C’est trop parfait !” Après avoir traversé la vallée pendu à une tyrolienne à 220 mètres au-dessus de la rivière, tout surpris, mon petit bonhomme de dix ans me lance : “le vertige, moi, je l’ai plus !”
Sport & Adventure Park, Niouc
Saut à l’élastique, tyrolienne, pendule, aérosphère, looping, salto trampoline, cabanes, tipis, BBQ. Ouvert samedi et dimanche jusqu’à fin octobre. Juillet-août, tous les jours sauf lundi. De 11 h à 18 h ou sur réservation. Entrée : 5.- Activités et nuit en cabane : 10.- Bungy Jump : 210. Tél. 079 447 28 00 - www.bungy.ch
Cet article a été réalisé pour le magazine Mixture - www.mixture.ch