Par un après-midi brûlant j’arrive devant les grilles de Chacabuco. Musée d’histoire du salitre situé au coeur du désert d’Atacama (Chili).
Achevé en 1924 ce complexe fût tour à tour ; mine de nitrate (jusqu’en 1940), camp d’internement pour prisonniers politiques (73-74) puis musée délabré aux allures de western.
Un soir Roberto Zaldivar (le conservateur) me racontait la vie du goulag chilien. Je considérai ce petit homme au yeux de renard et au timbre désabusé. Je pensai à la douleur des tortures qu’il avait endurées, au désespoir d’être séparé de sa famille, là au milieu des barbelés et du champ de mines. Je me demandai comment... quelles ressources avait-il invoquées pour franchir ce trou noir et se trouver devant moi ce soir à en parler.
L’hombre y avait laissé des plumes. Cela se voyait à son oeil humide et au ton cassé de sa voix lors de l’exhumation d’une de ces pépites de misère. Ironie du sort le gouvernement chilien l’avait nommé gardien de ce qui fût sa propre prison.
Je préférai le terme conservateur.