L’ange des monts avait choisi pour monture une bicyclette. Tous ces kilomètres à parcourir, des portes du Bosphore aux salars de Bolivie, il valait mieux ranger ses ailes bien sagement sous un vieux maillot troué et sortir son appareil photo. Rester ainsi à ne rien faire d’autre que pédaler et contempler pouvait paraître suspect.
Et puis toutes ces images glanées de déserts en cités pouvaient constituer les pièces d’un puzzle qu’il s’amuserait peut-être à rassembler pendant les jours de pluie ou les hivers immobiles dans les contreforts de l’Himalaya.
3 kg de dulce de lecce, 2 kg de fèves grillées et 2 de quinoa, une sérieuse ration de galettes de miel et douze litres d’eau. 40 kg de paquetage devraient suffire pour aller là où il n’y a rien et où les rares bergers qui y vivent ne font pas épicerie le dimanche. Prendre quelques clichés, puis redescendre avant que le vent et le froid ne vous happent tout à fait !
« Ici, je crois que je commence à voir les endroits non plus avec les yeux, mais avec tout le reste », écrivait le photographe parvenu au sommet de la corolle de la Miscanti, lagune entre les lagunas chiliennes.
Cet état de quiétude et ce regard dénué de jugement émanent de tout le travail photographique de Michael Musson, qui a publié ses images dans la presse écrite et sur le web.
Dans l’exposition que lui consacre Christophe Pittet, il présente essentiellement des photos d’Inde et d’Amérique du Sud prises, pour la plupart, avec un Haselblad.
Paysages lunaires et invraisemblables, si parfaitement dépouillés de toute traces d’humanité, scènes de la vie quotidienne et portraits semblent affranchis de tous liens les uns envers les autres. Parce que chaque instant est unique.

Montreux, Le temps d’une empreinte.
Michael Musson, photographies, du 9 au 24 juin.
Vernissage le 9 juin, de 16h à 19h. Buffet asiatique.